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Défense des enfants international
section suisse
 
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Les sources des articles disponibles dans la recherche sont l'historique des bulletins DEI, la Convention des droits de l'enfant ainsi que certaines publication de DEI.


Les adolescents homosexuels : une population plus exposée au suicide
  
[ Bulletin DEI, septembre 2011 Vol 17 No 3 p.11-12 ]



Dialogai est une association genevoise fondée en 1982 dont le but est de soutenir la communauté gaie sur différents aspects. Constatant que la question du sida accapare le thème de la santé chez les gais, Dialogai a voulu réunir des données sur la santé globale des homosexuels et s’est associée à des experts suisses et étrangers de l’Université de Zürich afin de mener une enquête détaillée sur le sujet. Rencontre avec Michael Häusermann, responsable du secteur santé à Dialogai (I) et Nathaniel King, stagiaire chargé de l’évaluation des animations Totem(II).
« Projet santé gaie »


Quelle est l’origine du « projet santé gaie » ?



Michael Häusermann : jusqu’à l’an 2000, lorsque l’on parlait de santé des hommes homosexuels, on ne parlait que du sida. A Dialogai, il nous a semblé qu’il y avait beaucoup à apprendre d’autres aspects de la santé chez les homosexuels. Les gais sont-ils plus heureux ? Quelles sont les répercussions du « coming out » ? Est-ce plus facile aujourd’hui d’être un adolescent qui découvre son orientation sexuelle ? Il nous semblait en effet que la diminution des préjugés envers les homosexuels et l’acquisition de nouveaux droits, comme le partenariat enregistré, rendaient la vie des jeunes homosexuels plus aisée de nos jours. 


Comment expliquer que la santé des gais soit si peu connue ?



MH : Si l’on met à part le sida, il existe un mythe selon lequel la vie des gais serait plus facile que celle du reste de la population : pas d’enfants, un bon salaire, de nombreuses conquêtes, etc. Or l’enquête révèle que les gais ont au contraire une qualité de vie inférieure au reste de la population, alors qu’en contrepartie, peu ou pas de services s’adressent spécifiquement à eux.

 
Comment l’étude a-t-elle été menée ?



MH: Dans un premier temps, nous avons organisé des forums de discussions avec des gais de tous âges pour mieux comprendre leur vision de la santé. Celle-ci ne se cantonne pas selon eux à la question du sida mais constitue au contraire « un état de complet bien-être physique, mental et social et non seulement l’absence de maladie ou d’infirmité ». Ensuite nous avons synthétisé les données suisses et étrangères sur la santé des gais, en les comparant à celles sur la population générale. Ce travail qualitatif préalable nous a permis d’élaborer le questionnaire pour l’étude quantitative. De septembre à décembre 2002, nous avons posé à 571 hommes gais de la région genevoise un questionnaire de 550 questions portant sur la santé physique, mentale et psycho-sociale. Les résultats prennent en compte les variables de l’âge, du domicile, de la culture et du statut socio-économique.


Quelles sont les répercussions du « coming out » ?



MH: C’est en moyenne à l’âge de 12 ans qu’un jeune se rend compte consciemment qu’il est attiré par des personnes de même sexe. Le premier sentiment de différence est souvent ressenti bien avant. Pour le garçon, l’adolescent puis le jeune homme qui est victime d’agression verbale et/ou physique (50% des gais de moins de 25 ans ont souffert d’une agression au cours des 12 derniers mois ; plus du double par rapport aux jeunes hommes de la population générale), faire part de ses souffrances à la famille, c’est dévoiler du même coup son orientation sexuelle, et souvent s’exposer à un rejet voire à une exclusion. On constate que la première déclaration à au moins une personne de l’entourage a lieu en moyenne vers 21 ans, bien plus tard que les difficultés rencontrées généralement à l’école. Pour beaucoup donc, garder le silence est préféré à la révélation de l’orientation sexuelle en cas d’agression. C’est une grande différence par rapport aux autres catégories de la population typiquement discriminées. Cet isolement social explique qu’apparaissent de l’anxiété vers 10 ans, de la dépression vers 16 ans puis la survenance d’une ou plusieurs tentative-s de suicide vers 20 ans.


Quelles conclusions l’étude apporte-t-elle sur le suicide chez les jeunes gais ?



MH: Sur les 19% d’hommes gais ayant fait une tentative de suicide dans leur vie, 25% avaient moins de 15 ans, et 25% avaient entre 15 et 20 ans lors de leur première tentative. Plus cette première tentative s’est déroulée jeune, plus le risque de récidive est accru. Selon les données suisses, il s’avère que les jeunes homosexuels tentent 5 fois plus que les jeunes hétérosexuels de se suicider.


Comment expliquer cette conclusion ? 


MH: Dans tous les pays où une enquête de ce type a été effectuée, il ressort un lien entre l’appartenance à la communauté LGBT et la propension à tenter ou accomplir un suicide. La plupart des homosexuels ressentent dès l’enfance un sentiment de différence et l’impression de ne pas correspondre aux attentes, notamment des parents et des amis. Ceci ne facilite pas le passage à l’âge adulte, pour lequel le sentiment d’appartenance à un groupe est essentiel pour nombre d’adolescents. Les jeunes gais expérimentent l’homophobie, dans une société où le modèle est l’hétérosexualité. Cela provoque un stress très important durant plusieurs années et cause des dommages à la santé. Et là encore, les souffrances liées au processus du « coming out » sont presque toujours vécues dans la solitude et le secret.


Quelles réponses l’étude a-t-elle permis d’apporter ?



MH: Plusieurs réponses ont été mises en place pour accompagner les jeunes en difficulté. Tout d’abord la création d’un réseau d’alliés, une liste de professionnel-le-s qui sont « gay-friendly » et qui savent écouter et conseiller un jeune homosexuel. Si 90% de la population générale s’estime satisfaite de son médecin traitant, le pourcentage ne s’élève plus qu’à 60% pour les gais. En effet, si lors d’une consultation un médecin pose la question « As-tu une petite amie ? » à un jeune homme, il part du principe que ce dernier est hétérosexuel. Pour un jeune homme confronté à l’acceptation de son homosexualité, la discussion s’arrête nette à ce point et le dialogue est rompu. La deuxième réponse est le projet Totem, mis sur pied en 2008, par la fédération des associations LGBT de Genève. La troisième est le projet Blues-out qui vise à informer et conseiller la communauté gaie et lesbienne en terme de santé mentale.


Peut-on imaginer des améliorations venant des institutions publiques ?



MH: A la fin des années 80, j’étais intervenu à la Conférence suisse des directeurs de l’éducation et avais demandé que du matériel d’information non stigmatisant sur l’homosexualité soit disponible dans les écoles. 20 ans plus tard ce n’est toujours pas le cas. Quant au personnel d’enseignement, tous ne sont pas toujours préparés à aborder le thème de l’homosexualité. Lors des premières assises contre l’homophobie dans l’éducation en 2009 nous sommes parvenus à susciter une prise de conscience de la part des autorités, et le Département de l’Instruction publique de Genève s’est engagé à pallier le manque de structure et garantir la formation des professionnel-le-s sur ce plan. La nomination d’Elisabeth Thorens Gaud, déléguée des cantons de Genève et Vaud contre l’homophobie dans l’éducation est un pas dans cette direction. Le Service de santé de la jeunesse est aussi compétent. L’évolution se fait néanmoins à petits pas. Ce qui est sûr, c’est qu’un jeune en difficulté s’adresse en premier lieu à son professeur.
II - Le projet Totem : satisfaire le besoin d’appartenance à un groupe.


En quoi consistent les réunions Totem ?



Nathaniel King : Totem, projet de la fédération LGBT de Genève, est né après l’étude « santé gaie ». S’il est avéré que c’est à l’école que l’intégration est la plus difficile, les associations ne peuvent toutefois pas y intervenir quotidiennement. Le réseau des alliés permet d’avoir un soutien parmi les psychologues, les travailleurs sociaux et le personnel médical en milieu scolaire.


Vous êtes chargé de l’évaluation du projet, quels sont les critères que vous étudiez ?




NK : Je traite deux axes d’observation : comment rendre Totem plus visible pour les jeunes LGBT et qu’attendent ces derniers du projet ? Pour ce qui est du premier axe, Internet a changé notre manière de communiquer. Les différents sites Internet que nous avons élaborés nous ont permis d’atteindre plus facilement les jeunes et donc de mieux leur transmettre conseils et informations en termes de prévention (suicide, sida, dépression, etc), mais aussi sur toutes les actualités de la communauté LGBT sur les plans juridiques, sociaux et culturels. En contrepartie, Internet présente les inconvénients que connaît toute la population : la virtualité des échanges, le risque d’être la victime d’un criminel. En plus d’Internet, nous ciblons les lieux connus de la communauté LGBT. Pour ceux qui sont très isolés, qui ne parviennent pas à assumer leur orientation sexuelle et en souffrent, c’est très compliqué d’être plus efficace.
Quant au deuxième axe, les attentes des jeunes, j’ai constaté avec surprise qu’ils cherchent moins de l’écoute qu’un endroit de partage. Ils ne cherchent pas à rencontrer un-e psychologue, et ne semblent d’ailleurs pas nécessairement en difficulté. Ils cherchent plutôt à rencontrer des pairs avec qui ils peuvent échanger. Le cœur du rôle de Totem est de briser l’isolement. La priorité est de permettre la création de liens, de favoriser ce fameux sentiment d’appartenance à un groupe. Les jeunes disent à ce sujet vouloir exporter les activités organisées à la maison verte ailleurs dans la ville. Cette volonté m’évoque une structure organisée aux Etats-Unis, d’où je viens, qui consiste à faire une alliance entre hétérosexuels et homosexuels sur ce même principe d’organisation d’activités au niveau du collège.
Peut-être un projet pour Genève ?! Merci à tous les deux pour votre disponibilité.

1.Orthographié tel quel dans les documents de recherche.
2.www.totemjeunes.ch
3.Nom donné au phénomène fondamental du vécu homosexuel qui distingue les gais des autres minorités. On distingue trois aspects principaux: l’acceptation de sa propre homosexualité, la participation sociale et culturelle à la vie de la communauté gaie et l’affirmation à son entourage de son homosexualité.
4.Reprise de la définition de la santé selon le Préambule de la Constitution de l’OMS de 1946.
5.Swiss Multicenter Adolescent Survey : En 2002, 7428 adolescents de 16 à 20 ans de toute la Suisse ont participé à une enquête sur leur santé et leurs styles de vie.
6.Lesbienne, Gaie, Bisexuelle et Transsexuelle.
7.HYPERLINK "http://www.blues-out.ch" www.blues-out.ch 
8.http://www.federationlgbt-geneve.ch/presentation
9.Nom donné au lieu d’accueil des réunions Totem, 5 Place des Grottes, 2101 Genève.







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