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Les sources des articles disponibles dans la recherche sont l'historique des bulletins DEI, la Convention des droits de l'enfant ainsi que certaines publication de DEI.
Le défi d’une approche interdisciplinaire Par Natalie Brioschi et René Knüsel, Observatoire de la Maltraitance envers les enfants(OME) Université de Lausanne [ Bulletin DEI, décembre 2010 Vol 16 No 4 p.9 ] En milieu scolaire face aux questions de signalement de la maltraitance, le besoin de mieux définir les collaborations se fait incontournable. Lorsqu’il y a suspicion de mauvais traitements envers un enfant, la décision de signaler une situation aux autorités de protection est souvent ressentie comme difficile à prendre pour les professionnels du milieu scolaire. En raison des multiples doutes que la maltraitance suscite, la décision de signaler est rarement celle d’une personne seule. Les acteurs du milieu scolaire sont de plus en plus nombreux (enseignants, infirmières, psychologues, etc.) à rechercher des modes de concertation qui privilégient l’échange, entre collègues ou au sein de réunions pluridisciplinaires (Voelin, 2008). Cependant, si la collaboration en milieu scolaire est désormais de mise, les pratiques diffèrent considérablement entre établissements et selon les collaborateurs associés (ODES, 2006). La maltraitance envers les enfants se définit et se travaille à partir de divers regards (juridique, médical, social et psychologique), et devant la complexité du questionnement, la nécessité d’une approche interdisciplinaire s’impose. La collaboration entre différentes disciplines peut se comprendre comme une réponse institutionnelle à la fragmentation du savoir, en particulier dans ce domaine. Pour les professionnels concernés qui ne peuvent être des experts, la collaboration interdisciplinaire est susceptible d’offrir des avantages multiples comme la levée de certains obstacles institutionnels, la réduction des surcharges fonctionnelles ou émotionnelles, le développement de la connaissance des outils à disposition des différents professionnels, l’évaluation collective de la pertinence des indices, la formalisation de règles et procédures, la prise en charge et le suivi global, etc. Cependant, malgré ces ajouts non négligeables, l’interdisciplinarité demeure complexe à mettre en œuvre et représente un défi majeur. L’interdisciplinarité n’est, en effet, pas la simple juxtaposition de disciplines. Si la nécessité de protéger l’enfant victime de maltraitance peut constituer un objectif rassembleur, les perspectives des acteurs concernés peuvent beaucoup se différencier tout comme leurs rôles, leurs moyens, leurs définitions ou encore leur approche de la maltraitance. La confrontation entre professionnels amenés par la rencontre à partager leurs points de vue, tend à mettre en évidence les différences dans les représentations, les formes de communication et de compétences (individuelles ou institutionnelles), de chevauchement de responsabilités, de pouvoir, etc. Les différents acteurs appelés à intervenir sont « façonnés » par leur discipline de référence qui les conduit à concevoir et appréhender la maltraitance d’une manière particulière. Même s’ils évoluent dans un même cadre institutionnel, les établissements scolaires sont enserrés par leurs règles, connaissances et outils spécifiques. S’ajoute à cela les rapports entre disciplines, dont la légitimité dans ce champ n’est pas équivalente. La qualité de la collaboration intra-institutionnelle est hautement dépendante de la compréhension du cadre institutionnel dans lequel elle est amenée à s’exercer. Il est, par conséquent, nécessaire de procéder à une investigation fine de l’environnement pour tenir compte au mieux des caractéristiques respectives de chacun des acteurs du milieu scolaire. Il faut relever leurs activités et expertises, leurs structures hiérarchiques, leurs règles explicites et implicites de fonctionnement et chercher à comprendre l’autonomie, les pouvoirs, les conflits existants, etc. Dans le cadre de la prochaine révision du Code civil, prévue en 2013, le signalement des situations de maltraitance infantile mobilisera, pour certains cantons, les autorités judiciaires (canton de Vaud, par exemple). Ce changement pourrait renforcer les enjeux autour du signalement pour les acteurs du milieu scolaire, avec le risque de perturber, voire de ralentir le signalement d’enfants en souffrance. Puisque le milieu scolaire est l’une des sources des signalements dans nos régions (Hofner et al., 2001), il convient dès lors de chercher à mieux comprendre les logiques sous-tendant les actions individuelles, intra-institutionnelles et interinstitutionnelles, logiques qui conservent de nombreuses zones d’ombre. Sources : - Hofner, M.-C, Ammann, Y & Bregnard, D. (2001) « Maltraitance envers les enfants dans le Canton de Vaud », Raison de santé, 60. - Office des écoles de santé (ODES) (2006). Enquête auprès des établissements de la scolarité obligatoire et post obligatoire : besoin de formation et procédure des équipes interdisciplinaires lors de situations de maltraitance chez les élèves. Rapport consulté le 7 septembre 2010 : http//www.vd.ch/fr/themes/formation/santé-a-lecole/documents/. - Voelin, C. (2008). « Pour une pratique éclairée du signalement ». Colloque du 27 février 2008 sur le signalement des enfants maltraités. Observatoire de la Maltraitance envers les enfants, Université de Lausanne. |
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